dimanche 29 mai 2011

Illustration et dédicace



GRANDES LESSIVES


Étendage de la lessive - Berthe Morisot - 1875
National Gallery, Washington - notice du musée


Grands linges qui m’appelez
Du fin-fond de la prairie,
Blanc qui supplie et qui prie
À grands gestes affolés,


Lessive séchant au bord de la Seine - Gustave Caillebotte - 1892
Wallraf-Richartz-Museum, Cologne - notice du musée


Mes vastes oiseaux sauvages
Pris par l’aile, et si fâchés,
Mes blancs chevaux attachés
Qui sentez venir l’orage ;


Cheval effrayé par l'orage - Eugène Delacroix - 1824
Musée des Beaux-Arts, Budapest


Sous le noir froncis des cieux,
Oui j’arrive, oui j’arrive ! 


Les Chevaux de Neptune (détail) - Walter Crane - 1892
Neue Pinakothek, Münich


Paix, hennissantes lessives,
Paix, mes cygnes furieux !


Cygne menaçant - Jan Asselijn -1652
Rijksmuseum, Amsterdam - notice du musée


Je me bats dans un mélange
De rémiges, de naseaux,


L'Ange Surréaliste (détail) - Salvador Dali - 1969
(crédit photo et tableau entier)



De fortes gifles d’oiseaux. 
Paix, mes bêtes, mes archanges !


Les Chevaux de Neptune - Walter Crane - 1892
Neue Pinakothek, Münich


Ah ! De qui me dites-vous
Qu’elle avait la main moins lente
À calmer ces épouvantes
Qui vous prennent tout à coup ?


Le linge de la ferme - Désiré François Laugée - 1883
Collection privée


Parlez d’elle, oui parlez d’elle,
Grands linges qu’elle soumit,
Ses bien-aimés ennemis,
Grandes lessives cruelles,


Lavandière - Charles Denet - début du XXe siècle
Musée de l'Ancien Evêché, Evreux - notice du musée


Blanc tyrannique, ô si dur,
Esprit des saintes buées,
Esprit des saintes suées,


La lessiveuse - Jean-François Millet - 1853-54
Musée du Louvre - notice du musée


Fleur de courage, l’azur
De sa petite âme grande.
Ah ! Dites, c’est dans les plis
De vos cinglants paradis
Tout agrandis de lavande


Drying Clothes - Helen Paterson-Allingham
Collection particulière - crédit photo


Qu’un dieu a dû recevoir
Cette âme encore mouillée
Qui ne s’est agenouillée
Qu’à la pierre des lavoirs ?


La Lavandière - Paul Guigou - 1860
Musée d'Orsay - notice du musée


Rendez-la-moi toute vive
Avec ses yeux palpitants


Les Beaux Jours - Émile Claus - 1899
Musée des Beaux-Arts, Gand


Rien qu’un tout petit instant,
Grands séraphins des lessives.


Lucienne Desnoues
La fraîche - Ed. Gallimard, 1958.


Dans ce poème dédié à sa mère, Lucienne Desnoues se dépeint en train de se débattre au milieu de son linge agité en tout sens par le vent de l'orage qui menace. Puis, elle évoque la nostalgie qui la saisit en reproduisant les gestes de sa mère qui, se souvient-elle, était plus rapide qu'elle pour dépendre son linge en de semblables circonstances.

C'est un poème que j'aime infiniment, car il me rappelle ma tante, une femme courageuse et bonne, qui a toujours vécu à la campagne, dans un village où il n'y avait pas l'eau courante. J'en parlais dans ce billet.

Derrière sa maison, ma tante avait un grand jardin potager, ainsi qu'un pré à luzerne pour nourrir ses lapins. Entre les deux, passait un ruisseau au bord duquel elle avait son lavoir particulier. Rien à voir avec le lavoir communal. C'était une simple baraque close par une porte, qui, avec ses trois murs de planches fixées à des poteaux et son toit de tôle ondulée pour tenir son espace à l'abri des intempéries, était un tout petit peu plus confortable que le lavoir du bord de l'Epte peint par Camille Pissaro.



Lavandières à Eragny - Camille Pissarro - 1898
Collection privée (crédit photo)


Le lavoir de ma tante ne servait le plus souvent qu'à rincer le linge. Du linge qui avait bouilli plus ou moins longtemps dans la grande lessiveuse à bois de la buanderie dont elle avait empli la cuve d'eau à grand renfort de brocs tirés à la fontaine de la Grand'rue.


Femme emplissant son seau à la fontaine
Léon-Augustin L'hermitte - début du XXe siècle (crédit photo)


Une eau qui chauffait grâce au petit fourneau à bois placé à la base de la cuve, ce qui avait pour effet de répandre peu à peu dans la pièce une abondante buée.



Blanchisseuses Jean Siméon Chardin - 1735
Musée de l'Ermitage, Saint Petersbourg - notice du musée


Lavandière, cuisinière, jardinière, mais aussi musicienne à ses heures, après une vie bien remplie, ma tante a rejoint elle aussi le paradis des vertes prairies, où des chérubins jouent à cache-cache dans des draps qui s'étendent comme par magie, sans avoir à y toucher.


Sainte Cécile - Nicolas Poussin - 1635
Musée du Prado, Madrid - notice du musée



©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2011

samedi 21 mai 2011

Cherries, nightingales and mocking blackbirds


Il est revenu !
« Le temps des cerises
»
des rossignols et des merles moqueurs

Cherries
Sarah Miriam Peale - vers 1860
Collection Privée (crédit photo)


Jeune fille aux cerises
Charles-Amable Lenoir (1860-1926)
Collection Privée (crédit photo)

Quelle belle poignée de cerises !
mais où les a-t-elle prises ?
Par quel détour
,
les aurait-elle chipées à Mr Fantin-Latour ?!

Roses blanches et cerises
Henri Fantin-Latour - 1865
Collection Privée (crédit photo)


« Cerises d'amour aux robes pareilles »
Cherries
Sir Lawrence Alma-Tadema - 1873
Collection Privée (crédit photo)
  Cherries, quel joli nom pour cette poignée de cerises
si gracieusement offerte par une jouvencelle d'une beauté exquise !
(cliquez sur l'image pour la voir en grand)


Plat de cerises
Giovanna Garzoni - 17e siècle
Palazzo Pitti, Florence
  Un plat de cerises offert à nos yeux,
non pas directement, cette fois, par la main d'une femme
mais par ses pinceaux.


« Quand nous chanterons le temps des cerises,
Et gai rossignol, et merle moqueur
Seront tous en fête !
»


L'Heure du Rossignol
Philipp Otto Runge - 1804
Kunsthalle, Hambourg
Rétrospective Philipp Otto Runge à Munich du 13 mai au 4 septembre 2011

Le « gai rossignol » chante aussi le jour.
Quand il gazouille la nuit, c'est une chanson d'amour.


Le Chant du Rossignol à Minuit et la pluie matinale
n° 11 de la série de 22 tableaux intitulée "Constellations"
peinte par Joan Miró entre 1939 et 1941
Texte d'Angèle Paoli
Pour voir la série entière
cliquez ici





 
« Quand nous chanterons le temps des cerises,
sifflera bien mieux le merle moqueur !
»


Faune sifflant avec un merle
Arnold Böcklin - 1863
Neue Pinakothek, Munich
  D'après vous, qui se moque de l'autre,
le faune ou le merle ?!

Pan sifflant avec un merle
Arnold Böcklin - 1865
Niedersächsisches Landesmuseum, Hanovre
(credit photo)
Dans cette seconde version du tableau, Pan a posé son pipeau pour imiter le merle,
qui à son tour répète la mélodie...
quand il n'est pas en train de picorer les cerises !
Pour les germanophones, voir l'article de Wikipedia sur ces deux versions du tableau de Böcklin


Le merle noir a la particularité de répéter les sifflements humains
(lire ici

Le Merle (détail)
George Goodwin Kilburne
 (voir le tableau entier)

 Avant de partir, vous reprendrez bien quelques cerises ?
La nappe blanche
ou nature morte aux cerises
Paul Gauguin - 1886
collection privée (crédit photo)


Jeune fille aux cerises
attribué à Giovanni Ambrogio de Predis - 1491-95
Metropolitan Museum of Art - notice du musée


EDIT du dimanche 29 mai :

Marie-Josée m'a indiqué un joli tableau d'un peintre québécois, le voici :

Fleurs et dominos
Alfred Pellan - 1940

Musée des Beaux-Arts de Québec
- notice du musée



©VesperTilia, echos-de-mon-grenier 2011
 

lundi 16 mai 2011

Une question existe en ciel

Un des deux chevaux du parc de Marly


Cul... culot... culotte de cheval...
En avoir, ou pas ?


Là est la question ! 



©VesperTilia, echos-de-mon-grenier 2011

samedi 14 mai 2011

Stylish blogger Awards for me !

Récompense encadrée et accrochée au mur comme il se doit !

Deux Stylish blogger Awards for me, c'est formidable !!

Quelle surprise de découvrir que Nathanaëlle  et AnnaLivia m'ont récompensée !! Mon grenier n'ayant pas été affecté par le gros bug de Blogger d'hier, décidément vendredi 13 est un bon jour pour moi !

Merci chère Nathanaëlle, je suis très honorée par ton attention qui m'émeut vraiment. Les Étoiles d'ArtLubie font partie des choses dont je ne saurais me passer. Tant de goût dans le choix de tes illustrations et de savoir modestement partagé font que je suis fan for ever !

Merci AnnaLivia, ton attention me touche d'autant plus que j'admire énormément  Mes carnets Vénitiens. Ton talent de photographe m'époustoufle, je rêve d'en avoir un semblable !

Ah ! on me souffle dans l'oreillette qu'il y a un protocole à respecter, alors, voyons voir...
Mettre le logo sur votre blog (c'est fait)
Remercier la personne qui vous a attribué le prix (fait aussi)
Indiquer le lien vers la personne qui vous a parrainée (fait)
Dire sept choses sur soi (à faire)
Nommer sept blogs à qui attribuer le prix (idem)
Indiquer le lien des blogs nommés (pareil)
Prévenir les personnes concernées (même chose)

Sept choses sur celle que je suis en vrai...
1 - La Nature et l'Art sont les deux mamelles sans lesquelles je dépérirais.
2 - Ma couleur préférée est le vert, mais le bleu et l'or ainsi que toutes les teintes automnales m'enchantent également.
3 - Quand j'étais gamine, je voulais devenir détective.
4 - Il n'y a pas de télévision chez moi. Un choix d'il y a presque 40 ans, de concert avec mon époux. Pas de portable non plus, pour l'instant le téléphone fixe et nos ordinateurs nous suffisent pour communiquer et nous distraire.
5 - J'adore littéralement les livres. Il y en a partout dans mon appartement et ma bibliothèque est un chantier permanent. Presque tous mes livres sont recouverts de film transparent pour les protéger. Maniaque je suis !
6 - J'ai le vertige, le vrai, celui qui vous fait mettre à quatre pattes, transpirer et trembler au milieu d'un petit pont de bois parce qu'il manque quelques planches !
7 - Avec l'âge, je procrastine de plus en plus. Pourquoi faire aujourd'hui ce qui aurait dû être fait depuis des mois, hein ! je vous le demande ? :D

Notez bien que ce déballage est exceptionnel, en général je parle rarement de moi ici.

Maintenant, établir la liste des 7 élu-e-s est un choix crucial.
Pardon à tous ceux que j'aime et que je ne pourrai pas nommer.

I - Angel de "La Taie d'Oreiller", parce que c'est ma fille et que j'en suis fière.

II - Jeandler de "À mi-voix", pour la poésie dans laquelle il nage tel un dauphin dans l'onde.

III - Sipane de "Détails" pour son regard sur l'architecture contemporaine grâce auquel j'apprends beaucoup.

IV - Enitram de "Chemin faisant" pour ses magnifiques mosaïques de photos et pour ses goûts musicaux.

V - Alain de "Si l'Art était conté" pour sa passion de l'analyse picturale approfondie.

VI - Geispe de "Monotarcie" pour tout ce que son mode de vie exemplaire nous enseigne.

VII - JPD de "Paris-bise-Art" pour son talent de dénicheur de singularités dans Paris, mais pas que.

Voila, mission accomplie !

Grand merci à toutes et à tous, pour le plaisir sans cesse renouvelé que vous me procurez grâce à l'élégance de vos divers talents de blogueuse-eur d'exception, et à très bientôt.


Chat Nature
(tableau virtuel de Tilia)


©VesperTilia, echos-de-mon-grenier 2011

mercredi 4 mai 2011

Toccatas, délires et orgues

Ste Cécile jouant de l'orgue
Jacques Stella
Musée du Louvre - notice du musée


Cette note est une de mes tocades (ou toquades, l'un et l'autre s'écrivent) musicales.
Elle est plus particulièrement destinée aux amoureux de l'orgue, mais celles et ceux qui ne partagent pas cette passion y trouveront quand même de quoi se distraire et s'étonner. Voici comment l'idée m'en est venue.

Ces jours-ci, j'ai découvert l'existence d'un organiste et compositeur du dix-neuvième siècle, quelque peu méconnu de nos jours par le grand public, Léon Boëllmann. Ce nom vous dit quelque chose ? Bravo ! vous faites partie des mélomanes avertis. En toute franchise, je dois avouer que je connaissais Charles-Marie Widor et Louis Vierne, mais que j'ignorais totalement la personne et l'œuvre de Boëllmann... Jusqu'à ce que je tombe par hasard sur la vidéo ci-dessous.






Tout d'abord, quelques précisions concernant cette remarquable vidéo dont je me suis entichée.
L'organiste est Daniel Chorzempa. L'orgue sur lequel il joue cette Toccata en do mineur de Léon Boëllmann est celui de la chapelle des cadets de la très célèbre Académie Militaire de West Point.

Cependant, la superbe photo, d'un orgue semblant rayonner tel un soleil d'or éclatant, n'est pas celle de l'orgue de la Cadet Chapel. Elle représente l'orgue de la Grote Kerk (grande église) de Maassluis, aux Pays-Bas.

La toccata de Boëllmann clôture avec éclat sa Suite Gothique pour orgue (op. 25) écrite en vue de l’inauguration du nouvel orgue de Notre-Dame de Dijon, le 27 mai 1895.

Une autre toccata me semble proche de celle de l'alsacien Boëllmann, la toccata du lorrain Eugène Gigout. Rien d'étonnant à ce qu'il y ait un air de famille entre les deux œuvres, puisque Gigout a été le professeur de Boëllmann et qu'il était de plus, son oncle par alliance. Pour vous faire une idée de la parenté de ces deux toccatas, écoutez maintenant la Toccata en si mineur d'Eugène Gigout (n°4 de ses Dix pièces pour orgue composées en 1890) :





Autre morceau qui fait partie de la Suite Gothique de Boëllmann ,  la Prière à Notre-Dame est une merveille de douceur méditative et de spiritualité contenue. Son style me semble issu de la même source d'inspiration que le Requiem de Gabriel Fauré, un compositeur que j'apprécie également beaucoup. À noter que Fauré a été professeur à l'école de musique Niedermeyer, celle-là même où Boëllmann a étudié. Voici la Prière à Notre-Dame, interprétée par Daniel Somogyi-Tóth,  sur l'orgue de l'église Évangélique de Békéscsaba, en Hongrie :




Parvenu à ce stade, j'entends d'ici les murmures des lecteurs-lectrices pas trop fans de musique d'orgue qui se disent "oui, c'est bien joli, les grandes orgues, et toccati et toccata, mais où sont les délires annoncés dans le titre du billet ?!!

Patience ! nous y arrivons. Et c'est la plus connue des toccatas, l'archi-célèbre Toccata et fugue en ré mineur BVW 565 du non moins illustre Johann Sebastian Bach qui va être l'objet du délire attendu. Auparavant, vous pouvez l'écouter dans son intégralité, en ouvrant le fichier audio contenu dans cette page. Les impatients peuvent cliquer tout de suite sur la vidéo ci-dessous. L'extrait qui y est exécuté (y'a pas d'autre mot !) va sans doute vous réjouir.



Sportif comme performance, n'est-ce pas ?!
Vous en voulez une autre ? encore plus dansante ? cliquez ici !

Moins sportive, mais beaucoup plus musicale, et surtout plus poétique, la prestation de Robert Tiso, ci-dessous, me ravit.




Robert Tiso est un musicien né en Angleterre il y a une quarantaine d'années. C'est à l'adolescence qu'il a quitté son pays pour aller étudier la musique en Italie, non seulement l'harmonie, mais aussi le contrepoint et l'arrangement orchestral. Après avoir assisté à un spectacle de Petr Spatina, Robert Tiso a éprouvé le désir de jouer de la harpe de verre.

Si vous appréciez ce genre de musique angélique, je vous recommande chaudement la chaîne de Robert Tiso. Vous y découvrirez, entre autres merveilles, la Danse de la Fée Dragée, un morceau de la célébrissime musique du ballet Casse-Noisette composée par Tchaïkovski, un air qui se jouait initialement au célesta.

Avant de terminer, à l'attention des fanas d'ortograf, un petit rappel concernant le titre du billet ;-)


©VesperTilia, echos-de-mon-grenier 2011

dimanche 1 mai 2011

Voici venir le joli mois

Portrait au muguet
Anonyme flamand
Musée Oskar Reinhart
(crédit photo)

Brin de muguet
Fleurs dans un vase en verre carré
Ambrosius Bosschaert l'Ancien
(premier quart du dix-septième siècle)
Rijksmuseum Twenth

brin de bonheur
Fleurs, vie silencieuse
Ambrosius Bosschaert l'Ancien - 1614
Getty Museum - notice du musée

cherchez le brin
Vase de fleurs dans une baie
Ambrosius Bosschaert l'Ancien - 1618
Mauritshuis, La Hague - notice du musée

cherchez le bien
A still life of flowers in a vase
Ambrosius Bosschaert l'Ancien
collection privée - Christie's

le bonheur est dans le brin
Bouquet de fleurs sur un rebord
Ambrosius Bosschaert l'Ancien - 1619-20
Los Angeles County Museum of Art - notice du musée

gardez le bien !
Vase de fleurs
Ambrosius Bosschaert l'Ancien
Art Renewal Center Museum

Joyeux Premier Mai !


Voici venir le joli mois
l’alouette plante le mai
Voici venir le joli mai
l’alouette le plante
Vous plairait-il de vous lever
pour nous donner à boire ?

Chanson de quête bourguignonne


©VesperTilia, echos-de-mon-grenier 2011